, dénonce chez certains auteurs spirituels le fait d'écarter la considération de l'humanité du Christ de la plus haute expérience contemplative, celui-ci semble directement visé : Certains livres sur l'oraison expliquent que l'âme ne peut d'elle-même atteindre à cet état, puisque c'est une oeuvre toute surnaturelle que le Seigneur accomplit en elle, mais elle peut néanmoins y aider en haussant son esprit au-dessus de toutes les choses créées et en l

, Et ils les avertissent instamment d'éloigner d'eux toute imagination corporelle et de s'élever à la contemplation de la divinité ; car, disentils, même s'il s'agit de l'humanité du Christ, ceux qui sont très avancés en sont gênés et cela les empêche, p.17

R. D'après-fidèle-de, Incontournable étape de la progression spirituelle, la considération de l'humanité du Christ est en revanche absente de la plus haute expérience mystique osunienne : l'ultime degré du Recueillement est contemplation de la « divinité » de Dieu, sans qu'il ne soit fait mention du Christ. C'est là encore une différence avec la contemplation thérésienne, qui est, quant à elle, christocentrée, comme l'a bien montré Frère Marie-Laurent de la Résurrection 18 . Il suffit pour s'en persuader de relire le chapitre 22 de la Vie. Chez Thérèse, l'humanité du Christ est la principale « porte » de la contemplation 19 , le « cocon » merveilleux dans lequel le ver à soie se transforme en papillon, seul capable d'atteindre les plus hauts sommets de l'amour divin. Autrement dit, c'est grâce à l, ce serait moins aux écrits d'Osuna que renverrait la Sainte, qu'à ceux d'un autre théoricien du Recueillement

, Les différences entre la spiritualité thérésienne et la spiritualité osnunienne sont indéniables. Cependant, il convient d'y apporter quelques nuances. Bien souvent, il s'agit de différences au niveau du vocabulaire et des images, des préférences lexicales ou des métaphores, qui révèlent des sensibilités distinctes. Tandis que sur le fond, la différence serait davantage de degré que de nature. Ainsi par exemple, Thérèse et Francisco de Osuna disent quasiment les mêmes choses, mais en faisant référence à des niveaux de progression spirituelle différents (il en va ainsi de la confusion entre les niveaux de contemplation active et infuse chez Osuna). Enfin, on ne saurait faire abstraction de la différence d'époque et de contexte : Thérèse rédige le Livre des Demeures près de 40 ans après la publication du Troisième Abécédaire, une fois que la crise de l'illuminisme passée. Sainte Thérèse a bénéficié par conséquent d'un certain recul que n'avait pas le Franciscain, Nous avons tâché de montrer que la disciple d'Avila, après avoir fait ses tout premiers pas sur le chemin spirituel du recueillement en suivant les préceptes des Abécédaires

M. Fr and . Resurrection, Du recueillement osunien au recueillement thérésien, vol.135, pp.60-75, 2010.

, Sainte Thérèse admet cependant que la présence de l'humanité du Christ puisse être momentanément suspendue par la puissance divine (Ibid, p.142