, explorer des domaines nouveaux -l'intime, la vie intérieure, la sexualité, le monde du quotidien, et celui des marges... -en laissant la personnalité de l'auteur davantage s'exprimer, en permettant aussi de mettre en évidence la relativité des choses humaines

, et rivaliser avec les romanciers professionnels ou aspirent-ils à aller plus loin, à diversifier les modes de description du réel et élargir ainsi la palette du métier d'historien ? Réservent-ils l'écriture de romans à la restitution de parcours exceptionnels -qui de ce fait semblent relever de la fiction -ou est-elle l'occasion de donner la parole au monde des sans-voix, à ceux que les archives ne permettent que rarement de saisir ? Six historiens-romanciers ont accepté de répondre à ces questions et de témoigner de leur expérience personnelle. Il s'agit en premier lieu de Bertrand Lançon, professeur émérite d'histoire ancienne à l'université de Limoges. Spécialiste d'histoire romaine 57 , il a publié à partir de 2006 Les Enquêtes de Festus, trois romans policiers historiques se déroulant au Bas-Empire 58 , sa période de prédilection. Il s'agit ensuite d'Yves-Marie Bercé, membre de l'Institut, de Christophe Blanquie et de Christian Jouhaud, historiens modernistes tous trois, Selon la réponse qu'ils apportent à ces questions 56 , on peut s'interroger sur les relations que ces chercheurs entretiennent avec la littérature et sur les parallèles qu'ils peuvent établir ou non avec l'écriture de l'histoire, sur les auteurs qui les influencent, les genres qui les inspirent (cape et d'épée, fantastique, policier, autofiction ?), sur leurs ambitions. Veulent-ils, forts de leur savoir, écrire de simples romans, historiques ou non, 2018.

, Michel Zink a indiqué les siennes dans le texte cité dans la note 46

, Son dernier ouvrage est consacré à La chute de l'Empire romain, 2017.

, Les trois tomes sont parus chez Alvik, 2006.

, Le prix des chiens, 2006.

. Le-rire-des-luperques, , 2007.

, Voir notamment Histoire des Croquants : étude des soulèvements populaires au XVII e siècle dans le, 1974.

, Au coeur d'un grand siècle de l'érudition. Tamizey de Larroque, « l'érudit des érudits, pp.1828-1898, 2014.

, La Fronde des mots, 1985.

, On lui doit notamment : Les pouvoirs de la littérature, 2000.

L. Histoire, Gallimard, 2019) dans lequel il s'interroge sur la façon dont Sigmund Freud a construit une partie de sa théorie en se fondant sur les personnages du roman de Wilhem Jensen, Écrire les malheurs du temps (avec Dinah Ribard et Nicolas Schapira), 1903.

, Romain Slocombe, il a fait le pari de faire appel à l'imagination pour reconstituer ce destin tragique. Ivan Jablonka, ensuite, qui a aimablement autorisé la reproduction de la postface qu'il a rédigée pour son roman Âme soeur à l'occasion de sa réédition en Points Seuil en 2018 et où il retrace son parcours d'écriture, entre roman et histoire, Ce dossier se clôt par deux textes d'historiens contemporanéistes

. Historien, C'est pourquoi, aujourd'hui encore, j'écris. Entré en littérature avec le roman, j'ai continué sans lui. Si je lis des romans, je n'en écris plus ; j'y reviendrai peut-être. Je suis en paix avec le roman, avec les morts -et avec moi, vol.64

, Un mot de remerciement pour finir aux chercheurs qui ont accepté de participer à ce dossier, à ceux aussi -Patrick Boucheron, Antoine de Baecque, Jean-Frédéric Schaub, Michel Zink -qui ont témoigné de l'intérêt pour la problématique qui y est traitée mais qui n'ont pu y contribuer, ayant d'autres obligations

I. Jablonka, Â. Soeur, and L. Seuil, , p.152, 2018.